Défaite d'effets mère

Pour la fête des mères, ma belle-mère a réussi à m'avouer  :

vous ne supportez pas grand chose !

En plus, je l'avais emmenée au restau.

Parfois je fais des efforts trop démesurés.

Mais elle a raison, dès qu'on me dit des conneries je réponds :

C'est un con, c'est une conne. Un putain de connard. Une putain de putasse.

C'est vrai que je ne supporte pas grand chose en ce moment.

Ah oui je ne vous ai pas dit : on a assassiné ma fille de 2O ans

(vingt ans oui)

il y a quatre mois.

Je ne supporte rien donc ou à peu près. Selon elle et le reste de son monde. Et assimilé.

"Je ne peux pas faire le deuil à votre place et ça ne la fera pas revenir".

Ah oui, et puis je ne vous ai pas dit non plus : mon gendre de 21 ans,

(vingt et un ans oui)

est mort dans le même accident.

Accident ou incident ?

C'est la fête des mères et ma propre mère ne veut surtout pas que je parle de ma fille morte.

J'aime pas quand tu dis ça me dit-elle en feignant un collapsus collatéral.

Elle a un gros con de fils vivant et moi une magnifique fille morte.

Ma fille est en terre, et moi je me dois aussi que de me taire.

Du moins dans un cavurne. Un mouroir de poche. 

Un truc où tu vas et tu meurs à ton tour quand tout le monde est enfin parti.

Ma belle-mère m'a rassuré il y a une semaine : ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

Ouf !

Vous savez, on pense à elle tous les jours, (semaines, mois, années, siècles).

Comme toujours, quand le taureau saigne dans l'arène, on assène les banderilles.

Que le sang saigne ! Que la mort meurt !...

Jalan², Défaite d'effets mère ©